Monsieur le Président, chers Collègues

D’abord comme tous mes collègues, je voudrai remercier Danièle LUCCIONI pour le travail accompli sa patience et sa volonté de trouver des compromis car la tâche n’a pas été facile à plusieurs titres :
"-" le document de plus de 500 pages qui a tardé à être publié dans son intégralité ;
"-" le spectre qu’il recouvre, du collège à l’université avec la formation continue des adultes et les mesures jeunes ;
"-" l’ambition de la Région à la fois de dégager des grands principes mais aussi de décliner schéma par schéma des axes et des pistes d’actions ;
"-" la commission Education et ses membres qui pour un grand nombre d’entre eux /elles sont des personnalités avec des convictions qui comme chacun sait ne sont pas toujours conciliables.

Permettez moi néanmoins d’exprimer un regret, celui de n’avoir pas convaincu la Commission et le Bureau d’engager sur ce sujet vaste un travail à plusieurs voix.

Je reste convaincue que cela aurait pu se faire dans les règles de respect et de convivialité mais aussi de débat contradictoire qui doit présider aux relations dans le CESR. Cela aurait à mon sens enrichi le travail accompli car comme dirait un membre éminent de l’Etat il faut sortir de la pensée unique. J’espère que nous pourrons avancer sur cette pratique lors de la prochaine mandature.

Nous regrettons évidemment la précipitation, le manque de temps qui aurait pu permettre de donner à notre avis plus de cohérence et le fait que l’ensemble des membres de la commission et du CESR n’ait pas eu accès facilement au document de 5OO pages.

Concernant le document lui même

C’est effectivement un gros pavé mais si je puis me permettre « l’enjeu en vaut la chandelle ». Nous voulons souligner qu’il s’agit d’un vrai travail d’état des lieux sur l’appareil de formation en Ile de France et ses performances même si dans ce domaine, il y a encore beaucoup à faire, notamment en se dotant d’outils statistiques performants et coordonnés.

Comme animatrice du groupe de travail des FSS, je voudrai témoigner de la qualité du diagnostic partagé et des concertations à l’initiative de F. Bavay VP sur cette question des professions de la santé et de l’action sociale.

Nous voulons souligner aussi l’intérêt d’avoir dégager des principes stratégiques qui vont de soi peut-être mais qui ont l’intérêt d’être mis en exergue comme des objectifs à atteindre, notamment l’élévation du niveau de formation et la lutte contre les inégalités sociales et territoriales mais nous ne négligeons pas pour autant la sécurisation des parcours de formation et la vision globale de la formation de la personne.

Evidemment, on peut discuter le choix d’être exhaustif et d’avoir décliner des actions dans le détail avec le sentiment qu’il s’agissait parfois « d’un catalogue à la Prévert ».

La relecture du schéma 2000-2006 plus synthétique peut aussi laisser sur sa faim car trop généraliste dans ses objectifs sans qu’il y ait véritablement une vision réelle et claire des actions à accomplir et une impossibilité d’évaluer.

Concernant la gouvernance, les financements et les effets de la décentralisation

L’avis du CESR s’inquiète à juste titre du financement de toutes les mesures annoncées. La question se pose, surtout dans le domaine de la formation, du désengagement de l’Etat comme il a pu le faire à plusieurs reprises car, comment atteindre l’objectif d’une meilleure offre de formations sur le territoire si, parallèlement comme cela a été le cas depuis cinq ans, le Ministère de l’Education Nationale suppriment 30 000 postes d’enseignants du second degré ou des milliers d’aide éducateurs.

Nous défendons l’idée que l’Etat doit nécessairement assumer toutes ses responsabilités et nous nous inquiétons parfois à la lecture du schéma à la fois avec quels moyens la Région va pouvoir mettre en œuvre telle ou telle action et sur la difficulté d’articulation et de partition entre ce qui relève de l’Etat et ce qui relève de la région.

Nous réclamons un vrai travail commun et articulé entre les services de l’Etat et la Région dans le cadre des missions de l’Etat.

Nous alertons sur les conséquences de la décentralisation tous azimuts dans le cadre d’un Etat qui n’assume plus ses responsabilités et qui propose de supprimer un fonctionnaire sur deux .

Enfin, comme tous ici, nous réclamons avec la Région l’exigence d’un suivi et d’une évaluation. Nous ne sommes pas favorables à la multiplication d’instances d’évaluation ou autres observatoires. Nous pensons qu’il faut mieux faire fonctionner les instances de concertation qui existent comme le CIAEN et le CCREFP, en mettant à leur disposition des études et des outils statistiques permettant une vraie évaluation.

Concernant le contenu du schéma

Nous vous épargnerons une analyse exhaustive du schéma. Nous nous sommes déjà exprimés à plusieurs reprises en direction de la Région en CIAEN et en ayant produit plusieurs contributions. Nous ne manquerons pas de le faire aussi au moment où l’Assemblée Régionale votera ce schéma.

Mais nous voudrions redire ici devant cette assemblée notre conception de l’Education et de la Formation : pour la FSU, l’Education et la Formation sont des enjeux essentiels pour le devenir de la Région Ile de France et ses habitants donc pour la France.

La question de la nécessaire élévation de la qualification et la lutte contre les inégalités sociales et territoriales et les discriminations en sont les éléments structurants (c’est pourquoi nous sommes très inquiets sur les conséquence de la suppression de la carte Scolaire qui va être un élément aggravant).

Il faut selon nous permettre l’accès de tous à l’éducation et à la formation par l’acquisition de diplômes qui sont un facteur essentiel d’emploi qualifié et d’insertion durable. C’est pourquoi nous approuvons la lutte contre le décrochage scolaire et l’objectif qu’aucun élève ne sorte du système éducatif sans qualification.

Si la FSU combat la conception utilisatrice de l’éducation qui voudrait soumettre le système éducatif aux seules exigences économiques, Nous considérons que l’éducation doit avoir effectivement une dimension universelle et émancipatrice. Tout autant, nous considérons que l’accès de tous les jeunes à une qualification certifiée par un diplôme et reconnue dans les relations professionnelles est une priorité

C’est pourquoi nous nous reconnaissons dans les grands principes affichés par la Région et nous veillerons à notre niveau à ce que les mesures proposées se mettent effectivement en œuvre.

Je ne prendrai qu’un exemple l’élévation du niveau de formation avec l’augmentation de 5 points du nombre de bacheliers d’ici 2013 : c’est une nécessité absolue au regard des enjeux européens et mondiaux car la France a un retard considérable dans l’accès à l’enseignement supérieur d’où la nécessité de faire réussir, notamment, les jeunes issus de l’enseignement professionnel et technologique et de développer les passerelles, outil indispensable à la réussite de jeunes et des moins jeunes d’ailleurs.

Je terminerai par les deux points de divergence que nous avons avec la Région mais aussi avec la majorité de cette assemblée / l’apprentissage et l’orientation.

Sur l’orientation, nous pourrions être d’accord avec une SP de l’orientation mais nous attirons l’attention sur les différents projets qui veulent réduire l’orientation à une simple information sur les métiers et qui justifie les difficultés d’orientation des jeunes par l’incompétence des personnels alors qu’en définitive tout a été fait depuis des années pour réduire leur nombre et leur efficacité.

Sur l’apprentissage, nous nous sommes opposés au COMA car nous estimons qu’il ne correspond pas véritablement aux besoins de formation des jeunes qui, sous prétexte de complémentarité entre en concurrence avec les formations professionnelles.

Nous voterons l’avis malgré cette approche différente sur ces deux points, d’une part parce que les formulations utilisées sur ces sujets ne nous posent pas de problème, et aussi parce qu’un certain nombre de points sur lesquels nous sommes intervenus ont été pris en compte notamment les missions de l’Etat.