C’est dans ce cadre que s’inscrit la relance du lycée des métiers. Nous aborderons tout à l’heure dans le point sur les structures pédagogiques les questions de la politique pour l’enseignement professionnel en Ile de France. Je centrerai mon propos sur la question des lycées des métiers. Dans la circulaire de rentrée, il est question de "labelliser" les lycées qui en font la demande "lycée des métiers" (l’objectif est de 800 labellisation en trois ans pour l’ensemble du territoire national). C’est pour le moins inquiétant car ces structures sont créées pour développer l’apprentissage public par le biais des Unités de Formation en Apprentissage (UFA) qui y seront accolées. Ces structures sont dangereuses car elle favorise le mixage des publics, instille dans les établissements la concurrence entre les voies de formation, et permet de multiplier les dérogations à la carte scolaire. Quid de de la labellisation du LP Brassai avec LPO Renoir en réseau avec un établissement privé d’apprentissage ? Curieuse tentative de mélange des genres !
Par ailleurs, la labellisation est reconduite pour de nombreux établissements labellisés sur la base d’une évaluation, d’autres établissements sont également étiquetés. Mais sur le terrain, la labellisation " lycée des métiers " est illusoire et n’apporte rien concrètement ni aux établissements, ni aux lycéens. Qu’est-ce à penser de la liste de nouveaux lycées labellisés dans l’académie de Versailles, et qui ne comporte aucune mention de leur spécialité ?
Autre problème majeur : les lycées des Métiers sont spécialisés sur une filière en particulier à l’exclusive de toute autre. Cela contribue à réduire la proximité géographique de l’offre de formation. Un jeune qui réussit dans la voie professionnelle est un jeune qui a choisi une formation à proximité de son domicile. La richesse de l’offre de formation est une condition de sa réussite. Le lycée des métiers réduit les choix d’orientation à proximité et condamne les jeunes à un déterminisme géographique particulièrement inique : est-ce qu’un jeune doit être orienté vers un métier qu’il aura choisi par défaut parce que c’est la seule formation à proximité de son domicile ?
Le lycée des Métiers distille sans le dire la concurrence entre les voies de formation. C’est jouer l’apprentissage contre la formation professionnelle initiale publique. Il est tout à fait regrettable que la Région investisse des sommes colossales (200 millions d’euros à travers les Contrats d’Objectifs et de Moyens) pour le développement de l’apprentissage quand les élèves en difficulté ne profiteront pas de cette manne. S’il est bien évident que ce sont les meilleurs élèves à niveau V et IV qui réussissent en apprentissage, c’est la voie professionnelle initiale publique qui va être vidée pour alimenter ce mode de formation.
Ajoutons, qu’aucun bilan n’a été fait à ce jour de l’impact sur les établissements de la labellisation.
Vœu présenté par la FSU, FO, la CGT, SUD
Le CIAEN réuni le 23 juin 2008 se prononce pour :
L’abandon du plan de labellisation et de toute labellisation ou tout renouvellement de labellisation
L’abandon des mises en réseau-restructurations d’établissements
La maintien de tous les établissements, LP et LT, comme entités, avec toutes leurs sections, filières et postes, sur leur site
La suspension de la généralisation du Bac Pro 3 ans et le maintien des – Le maintien de tous les postes, l’annulation des suppressions de postes et d’emplois et les créations de postes nécessaires lors de l’ouverture de nouveaux établissements
Le maintien des statuts nationaux pour tous les corps d’enseignement, avec les 18h hebdomadaires d’enseignement de leur(s) discipline(s) de recrutement sans annualisation, flexibilité ou mixité de service.