Structures pédagogiques
Sur le point consacré aux " structures pédagogiques des lycées et aux modalités générales d’attribution des moyens en emplois " : quelle est l’utilité de faire un CIEN à ce stade de l’année alors que toutes les structures pédagogiques ont déjà été présentées il y a plusieurs mois en CTPA et quelles sont pour la plupart finalisées ? Il serait quand même plus judicieux que ce point soit étudié au moment où les rectorats élaborent leur propre carte des formations. Par ailleurs, au delà des documents insuffisants et incomplets envoyés, tardivement, aux organisations syndicales en préparation de ce CIEN, il serait nécessaire d’avoir une analyse à l’échelle régionale de la situation de nos trois académies. A défaut nous l’avons fait à notre niveau.
Pour la FSU, ce qui caractérise, l’évolution de la carte des formations en lycée à l’échelle régionale, c’est la disparition progressive d’une voie de formation : le Technologique industriel et de certaines options : Langues vivantes à faible diffusion (Allemand, Italien, Russe etc.), Latin et Grec, au prétexte que les élèves ne seraient plus demandeurs. Nous plaidons pour des politiques volontaristes à l’échelle des bassins et des établissements pour remédier à cette logique du " laissez faire ". Les Rectorats préparent, de fait, un déplacement de la formation en voie technologique industrielle partie sur la voie professionnelle et partie sur l’apprentissage. La disparition progressive du Technologique industriel est aussi à lier avec le développement des BP3. Et cela, sans prendre en considération ni ces élèves qui trouvent dans la voie technologique une filière de réussite et notamment d’accès au supérieur (le BTS), ni les personnels qui enseignent dans ces sections, ni les besoins de la première région industrielle de France.
Plus particulièrement sur l’apprentissage, ce ne peut être une voie de formation en remplacement du lycée (professionnel ou technologique) et nous regrettons que la région investisse dans cette démarche en se fixant un objectif de 100 000 apprentis en 2010 et qui à terme signe la fin de la voie technologique sans résoudre les problèmes des jeunes.
L’autre partie de ce point : " modalités générales d’attribution des moyens en emplois " nous intrigue beaucoup : qu’entendez-vous par là ? Pourriez-vous nous expliquer ce que sont ces " modalités générales " ? L’absence de documents préparatoires nous laisse encore dans l’expectative.
Ceci étant, une autre caractéristique forte des 3 académies pour la rentrée 2008 est que les recteurs sont allés bien au delà de ce qu’impliquait le retrait – au nom du dogme du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux – en emplois. 1392 suppressions d’emplois budgétaires d’enseignants ou Equivalent Temps Plein pour la rentrée 2008 se sont transformés en 2095 suppressions de postes fixes dans les établissements : soit 177 ETP et 249 postes fixes pour Paris, 637 ETP et 870 postes fixes pour Créteil, 578 ETP et 976 postes fixes pour Versailles. Cette politique volontariste de chasse aux postes fixes va au delà de l’évolution des effectifs. Elle a pour but de préparer la RGPP et ses 80.000 suppressions d’emplois. L’absence de personnel en poste fixe –l’administration profitant le plus souvent d’un départ à la retraite pour fermer un poste- est particulièrement efficace pour fragiliser des options dans les établissements et dans les bassins de formation. Par contrecoup, elle provoque le développement des postes de TZR dans les 3 académies, précarisant encore plus les personnels qui sont souvent sur ce type de poste (de TZR) des néotitulaires.
Pour conclure sur ce point : le bilan est pour la FSU extrêmement négatif et très inquiétant pour l’avenir des jeunes de la Région quant à ses besoins en terme de formation, région qui souffre d’un sous-investissement en la matière, et qui va renforcer certaines inégalités.
Structures pédagogiques, bac pro 3 ans et apprentissage
La rentrée 2008 s’apparente à un grand chamboule tout dans les structures de l’enseignement professionnel public. La lecture des documents concernant les structures montre l’extension de l’expérimentation du bac pro 3 ans et annonce pour 2009 la mort inexorable des sections de BEP.
148 sections de BEP supprimées dans l’académie de Créteil pour 135 sections de première année bac pro et 5 de CAP créées (pour au total 19 divisions supprimées en LP pour une baisse de 220 élèves, ce qui est tout à fait surprenant compte tenu de la demande d’orientation vers la voie professionnelle publique !!!).
25,5 sections de BEP supprimées dans l’académie de Paris pour 29 sections de première année bac pro créée (pour au total 21,5 divisions supprimées en LP pour une baisse de 145 élèves, ce qui est tout aussi surprenant qu’à Créteil !!!).
138 sections de BEP supprimées dans l’académie de Versailles pour 129 sections de première année bac pro créée.
Ce n’est pas qu’un étiquetage qui change ici, et ce qui est grave, ce sont les conséquences globales de cette politique de massacre qui se justifie uniquement par la volonté politique de réaliser des économies sur le dos de la qualité des formations. Sous le couvert d’un vocable généreux (amener tous les élèves de la voie professionnelle à niveau V, 80% à niveau IV et parvenir à 50% à niveau III), les objectifs ministériels sont avant tout comptables et dans le cadre de la RGPP, ce sont près de 10 000 postes de PLP qui seront supprimés dans l’Enseignement Professionnel à l’horizon 2011.
Plus grave encore, nous avons affaire ici à un bricolage dangereux pour les élèves et leur famille :
Par le biais de la suppression d’une année d’études (bac pro 3 ans au lieu de BEP+ bac pro 2ans), ce sont près de 800 heures de formation (selon les filières) qui seront amputées du parcours des élèves de l’EP arrivant au niveau bac.
Des grilles horaires provisoires ont été bricolées à la va-vite en janvier de cette année par la DESCO, ce qui montre le peu de préparation du projet : elles seront appliquées à la rentrée 2008 et a minima. Les heures de travail en groupe en enseignement général sont réduites à une heure et ce uniquement pour les élèves en difficulté. En repensant les grilles, cette fois pour la rentrée 2009, le ministère ne cherchera-t-il pas avant tout à récupérer des heures comme il l’a déjà fait lors de la " réforme " des ZEP ?
Le Ministère étend l’expérimentation du bac pro 3 ans à la rentrée 2008 alors qu’aucun programme national n’existe : ceux proposés aux équipes pédagogiques résultent de bricolages académiques.
Pire : les modalités d’évaluation du bac pro 3 ans ne sont pas encore définies
Des sections de BEP seront supprimées : le BEP ne serait plus délivré que par le biais de certification en Contrôle en Cours de Formation. Non seulement, ce serait la mort du diplôme national, mais aussi la fin de l’impartialité de la validation avec la disparition pour l’évaluation de l’anonymat des candidats.
Aujourd’hui, les familles n’ont aucune lisibilité pour l’orientation des jeunes vers la voie professionnelle : ici on trouve un BEP, là un bac en trois ans. Il apparaît difficile de prendre des décisions quand l’orientation constitue un enjeu majeur pour les élèves de troisième. Tout est fait actuellement pour favoriser le remplissage des sections de Bac Pro 3 ans au détriment des sections de BEP, à l’encontre même des demandes des familles.
Des sections de CAP sont créées " pour accueillir les élèves les plus fragiles ", sans moyens. Il est inadmissible qu’une partie des jeunes orientés vers la voie professionnelle soit reléguée dans des classes concentrant toutes les difficultés scolaires et souvent sociales : ces élèves se retrouvent exclus et les plus faibles se retrouvent ghettoisés et de facto éliminés du système scolaire.
Sur le plan pédagogique, faire mieux avec moins est totalement utopique, sauf aux technocrates qui veulent faire sauter des postes et justifier des réformes inégalitaires. Un tiers des élèves qui poursuivent leur cursus après la troisième sont orientés vers la voie professionnelle. La grande force de l’Enseignement Professionnel Public réside dans sa capacité à remotiver des jeunes en difficulté scolaire et/ou en rupture avec l’institution. Deux années de BEP permettaient ce travail avec un objectif à court terme, et la poursuite en bac pro deux années supplémentaires ouvrait ensuite à ces lycéens un horizon des possibles. Il est à craindre qu’une partie des flux d’élèves orientés aujourd’hui vers l’enseignement professionnel public soit exclue demain du cursus en trois ans : c’est le cautionnement ministériel insupportable d’une " sélection qui ne dirait pas son nom " (cf. le Ministre en conférence de presse en novembre). Quel avenir pour les jeunes en difficulté, dans ces conditions ? L’apprentissage patronal voire public ? La relégation vers l’insertion prise en charge par les régions ? Nous savons par ailleurs que ce n’est pas ce niveau d’élèves que souhaite recruter l’apprentissage et il est à craindre que les élèves en difficulté se retrouvent sur le bord du chemin, exclus du système scolaire.
La situation actuelle conforte malheureusement les analyses de la FSU et son action contre la généralisation du bac pro en trois ans, généralisation précipitée et bricolée quand les analyses de l’expérimentation des bacs pros en 3 ans se révèlent défavorables (rapport IGEN 2005). Dans ces conditions, nous sommes en droit de douter de la volonté ministérielle de promouvoir la voie professionnelle. Ce sont surtout des économies qui seront faites sur le dos des jeunes les plus en difficultés pour payer les cadeaux fiscaux faits aux plus riches par l’actuel gouvernement.
Par ailleurs, la FSU s’interroge sur la situation des LP municipaux puisque la SG du rectorat de Paris a annoncé un travail du rectorat avec la ville et la région sur la carte des formations à ce propos : quand seront nous informés et surtout consultés sur ce point ?