Raphaël Szajnfeld

Raphaël Szajnfeld, (on l’appelait Raph, tout simplement.)

                    Raphael Szajnfeld,au congrès fondateur de la FSU en mars 1994 à Mâcon. « Raph » est le plus à gauche en compagnie de Jacques Rouyer du SNEP et d’Alain Cyroulnik d’École émancipée.

Ce nom ne dit rien , je suppose, à la plupart d’entre vous.: un nom difficile à prononcer, comme disait le poète de « l’affiche rouge ». Pourtant, si nous sommes réunis ici, aujourd’hui, c’est en grande partie à lui que nous le devons.

Fils de réfugiés juifs polonais, ouvrier métallurgiste dès les années 1954, il adhère à la CGT où il militera activement  durant toutes les années où il travaillait dans l’industrie comme ouvrier-fraiseur (pendant plus de dix ans). Dans la même période, Il adhère également au PCF auquel il restera fidèle toute sa vie. Il passe son baccalauréat par correspondance et devient Instituteur en haute Savoie, puis PEGC à Drancy, adhérant du coup  au SNI-PEGC FEN .

Il fut un des fondateurs dans les années 1970 de la toute nouvelle S.D. FEN 93, et membre fondateur de la FSU nationale en 1994, au titre du courant de pensée U A, avec d’autres bien sûr, ( courants de pensée E.E et Autrement, sections départementales et syndicats nationaux SNES, SNEP et SNASUB notamment).  Lors de son départ à la retraite 1996 , il devient un  membre éminent de l’Institut de recherche de la FSU et resta, jusqu’en en 2015, un militant inlassable de l’unité syndicale comme animateur et responsable national du courant de pensée Unité et Action et directeur de la revue du même nom , succédant ainsi à Alfred Sorel. Affligé d’une longue maladie, il décède en décembre dernier.

Je voudrais, à titre personnel, insister sur quelques particularités marquantes de ce militant exceptionnel :

1) Un ouvrier , militant syndical CGT pendant plus de dix ans jusqu’au moment où , devenant enseignant, il adhère à la FEN parce que c’était le syndicat vraiment unitaire et majoritaire de tous les personnels de  l’éducation, enseignants et ATOS ; Démarche pas évidente dans un département très ouvrier  – la Seine Saint Denis – où la CGT était le syndicalisme largement majoritaire , et cela malgré son attachement au syndicalisme de lutte des classes et le caractère ouvertement réformiste de la FEN. Je trouve qu’il y a là quelque chose de hautement symbolique de ce que signifie cette orientation syndicale – appelée Unité et Action pour ce qui nous concerne – et qui devint dès sa création  l’orientation majoritaire dans la SD FEN 93.

2)  Un  Pédagogue reconnu par ses pairs : Passionné de mathématiques, il fut un des premiers à s’intéresser à la calculette comme outil pédagogique, et fut l’auteur, dans les années 80, de deux manuels à l’intention des collégiens publiés chez Belin. Auteur d’une histoire de la FSU (2 volumes chez Syllepse) qui fait autorité chez les historiens.

3) Un Militant d’une très grande rigueur et lucidité  intellectuelle, hostile à la « langue de bois » si répandue et cherchant toujours à appuyer les revendications « corporatives » (salaires, conditions de travail… ) dont il était porteur sur des faits et preuves indiscutables car scientifiquement documentées, toujours indéfectiblement attaché à l’indépendance syndicale par rapport au politique  à une époque où la chose était loin d’être évidente pour tous…

4) Un compagnon de luttes extraordinairement chaleureux et humain avec tous, y compris ceux avec qui il était idéologiquement et/ou  politiquement en désaccord, De par son histoire personnelle , il savait ce que veut dire souffrir des injustices et il était toujours prêt à donner de sa personne pour aider les amis et camarades en difficulté.

Sans lui, Notre Section Départementale FSU 93  et nombre de militants comme moi-même pour lesquels il était un exemple, la FSU toute entière ne seraient pas ce qu’ils-elles sont aujourd’hui.

José TOVAR – Le 16 12 2024

A lire la fiche de Raphaël Szajnfeld dans Le Maitron Dictionnaire biographique – Mouvement ouvrier – Mouvement social : https://maitron.fr/spip.php?article173365