Monsieur le Président, mes chers Collègues,
Tout d’abord, permettez moi de dire à Rémi BONNEVIALLE qu’il n’a pas choisi la facilité et que c’est déjà une prouesse d’avoir pu collecter et rassembler toutes ces informations qui donne une vision assez précise de l’apprentissage en IDF en si peu de temps. Qu’il en soit remercié.
Ce qui me permet d’aborder la question du temps imparti et des conditions dans lesquels ont été produit ce rapport : quelques mois seulement parmi lesquels les vacances d’été ! Puis, la transformation de l’auto saisine en saisine avec une lettre de saisine qui a tardé,
et pour en arriver à ce que le COMA (le contrat d’objectifs et de moyens entre la Région Ile de France et l’Etat) soit voté avant que le CESR ait pu donner son avis.
Il y a sans doute de bonnes raisons « d’ETAT et de REGION » à cette situation : je ne pense pas que la collaboration entre le CESR et le CR en sorte grandie et que la démocratie y ait gagné.
La FSU, comme d’autres, avait proposé au moment de la discussion sur la lettre de cadrage ne pas aborder la seule question de l’apprentissage mais de traiter la question de la FP dans son ensemble pour répondre au double défi auquel la Région Ile de France est confrontée à savoir : permettre à tous les jeunes d’atteindre un niveau V au minimum et élever globalement le niveau de formation (au niveau IV et au delà) de tous au regard de la structure des emplois nécessaires.
Car pour atteindre cet objectif, on a besoin de toutes les énergies celles de l’apprentissage, celles des formations professionnelles et technologiques sous statut scolaire et nous disons au Conseil Régional qu’il doit explorer toutes les voies et notamment celle des formations sous statut scolaire ainsi que celles d’ouvrir des sections d’apprentissage en EPLE dans le cadre des conditions définies par l’amendement présenté par L’UNSA.
La Région Ile de France, je parle du territoire et de sa population, a besoin d’une réflexion approfondie sur la formation professionnelle des jeunes et leur accès à l’emploi : on a le sentiment qu’il s’agit depuis des années d’une politique au coup par coup, à court terme qui n’est étayée sur aucun état des lieux sérieux.
Un projet construit sur le moyen terme et le long terme permettrait peut-être de réduire le coût énorme que représentent les actions jeunes 16/25 qui n’ont pas données tous les résultats escomptés.
Dans ce domaine comme dans bien d’autres la prévention est bien meilleure que la remédiation. La FSU souhaite que la discussion sur le Schéma des formations et le PRDF puisse être l’occasion de ce travail auquel le CESR pourrait concourir.
Ainsi, à la lecture du rapport, nous n’avons pas trouvé pas les raisons évidentes à développer l’apprentissage comme l’Exécutif Régional le propose.
Nous voudrions attirer l’attention de notre assemblée sur un certain nombre de constats qu’il serait nécessaire d’analyser.
Par exemple, l’inquiétante baisse des effectifs d’apprentis au niveau V,
phénomène national, mais encore plus marqué en Ile de France.
Ce phénomène se retrouve aussi dans les LP ; il faut donc faut mener une vraie réflexion sur cette situation qui fragilise de façon importante l’objectif de la Région : permettre à tous jeunes franciliens de sortir du SE avec une qualification de niveau V.
On ne peut pas se contenter de développer une campagne d’informations des formations professionnelle même si c’est une première étape.
Ces éléments corroborent une enquête faite par le CEREQ en octobre 2005 qui montre que l’apprentissage revêt des réalités diverses du point de vue de l’accès à l’emploi, du niveau des salaires, l’apprentissage n’étant pas le schéma idéal que l’on véhicule couramment.
Cette étude montre qu’au bout du compte ce qui fait la différence c’est le diplôme. Et les auteurs de l’étude concluent : « L’apprentissage le plus dynamique à l’heure actuelle se trouve aux niveaux les plus élevés mais il ne permet pas de répondre au principal enjeu des politiques de l’emploi : réduire le chômage des jeunes ».
Ce n’est pas la FSU qui le déclare mais le CEREQ qu’on ne peut taxer « d’anti-apprentissage primaire ».
C’est sur ces constats qu’il faut s’interroger et aussi sur d’autres comme par exemple :
constater, comme le dit le sociologue Gilles Moreau, que l’apprentissage est bien blanc : les jeunes issus de l’immigration y étant nettement sous représentés ;
la proportion des filles y est faible (30 %, et cette part n’a pas changé depuis trente ans) ;
beaucoup de jeunes ne trouvent pas de maître d’apprentissage.
Donc, il ne suffit pas de dire « développons l’apprentissage, informons les jeunes et les familles et donnons de l’argent aux entreprises et le problème sera réglé » comme le suggère le plan de Cohésion Sociale ou le COMA de la Région Ile de France et à notre avis d’une certaine façon en encourageant la Région Ile de France dans sa politique du tout apprentissage.
Si cette recette fonctionnait, cela se saurait, car c’est ce même schéma qui est proposé depuis trente ans et qui ne donne pas les résultats escomptés, c’est le moins qu’on puisse dire.
Il est urgent si l’on veut vraiment sauver la formation professionnelle qu’elle soit sous statut scolaire ou par apprentissage, et si l’on veut former les travailleurs qualifiés dont l’Ile de France a besoin, de créer les conditions pour attirer les jeunes avec un projet professionnel construit et choisi.
La solution est évidemment dans l’amélioration des conditions de l’emploi mais aussi des conditions de travail et de salaire des jeunes et des moins jeunes si l’on veut augmenter le recrutement au niveau V, par exemple. Je voulais rappeler que c’est pendant la période « des Trente Glorieuses » le CET (le LP de l’époque) a connu son apogée.
Mais il faut s ‘attaquer aussi à la rénovation du système de formation professionnelle en dépassant le système dual d’un côté les LP et de l’autre l’apprentissage.
C’est ce que propose la FSU : construire un grand service public de la Formation Professionnelle et de la Formation Continue.
Parce que dans l’apprentissage ce n’est pas la relation avec l’entreprise ou le métier ou le système de l’alternance qui posent problème même si nous pouvons avoir une appréciation nuancée. Ce qui pose problème c’est le statut des jeunes.
Nous préférons les jeunes sous statut scolaire même quand ils sont en formation en alternance. Non, nous ne sommes pas d’accord pour qu’ils soient des acteurs économiques comme le dit le Préambule du rapport. Non, nous ne voulons pas qu’il y ait forcément adéquation entre la formation et l’emploi car nous voulons former des jeunes aux métiers d’aujourd’hui et de demain.
Pour cela, ils doivent maîtriser les savoirs et savoirs faire fondamentaux qui leur permettront de pouvoir gérer leur vie professionnelle pendant 40 ans. C’est évidemment pour ces mêmes raisons que nous nous opposons à l’apprentissage à14 ans et à la remise en cause de la scolarité obligatoire à 16 ans.